Pourquoi nous sommes nous retrouvés là ?
Il était bien peu probable que nous partions de notre propre chef dans la charmante bourgade de Fredensborg, au nord de Copenhague, visiter les 30 logements communautaires dessinés par John Utzorn, l’architecte de l’opéra de Sidney pour des personnes âgées de retour d’une carrière à l’étranger. Mais voilà, quand en 2008 « Le Moniteur Aménagement » a sollicité sept experts très réputés en leur demandant de citer l’opération pour eux la plus exemplaire dans le monde en matière de densité, Nasrine SERAJI a choisi l’opération de Fredensborg.
Bien lui en a pris : cela nous a donné l’occasion d’emprunter un dimanche matin une charmante route côtière bordant l’Oresund, avec un chapelet de villages danois bien propret et de somptueuses pistes cyclables où des Danois de tous âges éclatants de santé couraient et cyclaient obstinément.
Est-ce que cela fonctionne ? Est-ce que cela vit bien ?
On suppose que cette opération fonctionne parfaitement pour ceux qui ont choisi d’être là, qui ont les moyens d’être là, et qui aiment vivre entre eux (et surtout, chez eux).
Disons le dès maintenant : dès nos premiers pas dans ce petit ensemble étagé sur une faible pente, nous avons mesuré le malentendu fondamental : il ne s’agit ici ni d’une ville, ni d’un quartier, et la petite taille de l’opération comme le produit de niche qu’elle déploie ne se prêtent à aucune exemplarité en matière de densité ou de développement durable d’un territoire.
"Densité, densité... est-ce que j'ai une gueule de densité?"
Quand on veut aborder la question du développement durable d’un territoire, il faut l’aborder à une échelle minimale (2 ou 3000 habitants). En deçà, il n’est nullement possible d’aborder l’ensemble des enjeux du développement durable, notamment les enjeux sociaux.
La magie et la séduction sont elles là ?
La qualité immédiatement palpable de l’architecture intemporelle qui fait la part belle à la brique et de très belles tuiles, l’harmonie paysagère entre l’opération de logement, le golf attenant et la campagne environnante, la topographie magnifiquement mise à profit… dessinent une parfaite image pour beau livre d’architecture.
Mais la fermeture des îlots, les façades sur rue sans ouverture et aux portes blindées, le regard des habitants qui glisse sur les intrus, et les petits panneaux qu’ils ont mis dans les allées pour en interdire le passage, établissent clairement un climat d’hostilité à ce qui n’est pas l’entre-soi.
Quelles rencontres ?
Un chat en mal de caresses.
Gadgets, détails, anecdotes…
Un entrepreneur en train d’installer de la laine de roche en toiture, ce qui surprend presque au vu d’une architecture qui parait d’autant plus contemporaine que son aspect extérieur est absolument intact… et puis on se souvient qu’elle a cinquante ans...
La cheminée du centre communautaire, ou sont brûlés vifs les copropriétaires qui enfreignent le règlement. (on est pas sûrs de ce dernier détail)
Du côté du cycliste urbain ?
Pas osé faire du vélo (il doit y avoir un règlement contre ça), et cette mini opération est à l’échelle pédestre. Attention tout de même aux grosses berlines qui sortent de temps en temps des garages.
La « leçon d’aménager moins » ?
A quoi bon dessiner de magnifiques espaces si c’est seulement au bénéfice de quelques uns ?
A copier, à rêver, ou à oublier ?
A oublier, pour l’urbanisme, à rêver, pour l’architecture.
Notre tandem d’urbanistes / perceptions croisées :
Un agacement partagé, mais une jolie matinée: sur le chemin, Pierre, érudit de l’architecture, a pu admirer des bâtiments de Arne Jacobsen, dont sa fameuse station service… et Denis, qui se prétend totalement irrespectueux des grandes figures de l’architecture (et préfère les meubles de Jacobsen à ses constructions aseptisées) a pu admirer de magnifiques gares ferroviaires en bois qui ont fait vibrer sa fibre de navetteur train-vélo.
Une célèbre station service ...
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